"Nous en savons beaucoup sur le passé, mais il y a encore beaucoup que nous ne savons pas"

Il n’y a plus d'ermites dans nos dunes, mais l'Abbaye Ten Duinen et le Musée de l'Abbaye sont toujours là. Cette année, le musée fête ses vingt ans. Tij-dingen a voyagé avec Dirk Vanclooster, directeur depuis vingt ans, vers le passé et vers le futur.

Tij-dingen: vous êtes à la tête du musée depuis deux décennies. Qu'est-ce qui vous a le plus marqué ?

Dirk Vanclooster: "Une question difficile pour commencer. (rires) Mais si je devais choisir, j’opterais pour deux expositions: « Dansen met de dood » et « Bouwen voor de eeuwigheid ». L'exposition « Dansen met de dood »  (2008) parce que c'était une collaboration ˗ avec tous les services de loisirs de notre commune. C’était très réussi. La mort n'est pas un sujet facile, mais nous l'avons fait quand même et avons même été cités dans la presse internationale (USA Today). J'ai choisi « Bouwen voor de eeuwigheid » car tout a coïncidé lors de cette exposition. Petit à petit, nous avons repensé et construit le musée pour atteindre ce point culminant. Quinze années de recherche condensées en un seul instant. Nous en savons beaucoup plus qu'avant, mais il y a encore beaucoup de choses que nous ne savons pas. La maquette en LEGO a été développée pour construire cette expo."

Tij-dingen: Quel est le plus grand héritage de l’Abbaye Ten Duinen?

Dirk Vanclooster: "L’Abbaye Ten Dfuinen a été active sur notre côte pendant près de 700 ans. De 1128 à 1796. De la première abbaye jusqu'au moment où la Révolution française lui a porté le coup de grâce. L’Abbaye Ten Duinen a donc survécu pendant 700 ans et a laissé son empreinte sur notre commune et bien au-delà. Faire de nécessité vertu est l’adage de l'Abbaye Ten Duinen et elle a d'ailleurs mis vraiment cela en pratique. Comment ? En faisant preuve d'une résilience incroyable et en défiant de nombreuses catastrophes : la peste, le petit âge glaciaire, les famines et les attaques des Gueux."

T-d: Quel est selon vous le plus bel objet de votre collection? Ou le plus bel endroit du Musée de l'Abbaye ?

Dirk: "C’est difficile. Il y a tellement de belles choses. Toutes les trouvailles sont uniques et propres à l’Abbaye Ten Duinen. Mais si je dois quand même choisir, je choisirai quand même: la gargouille, la tête de femme avec le dragon et une clé de voûte en brique. Cette dernière trouvaille est tellement particulière car la pierre absorbe la pression de la voûte, mais elle est simplement en brique. Sur le site même, je choisis la porte d'entrée de l'aile des frères convers."

T-d : Selon vous, quelle est l'histoire la plus savoureuse de la riche histoire ?

Dirk: "Les abbés étaient des humains et là où il y a des humains, il y a de belles histoires. L’Abbé de Clerq est le premier nom qui me vient à l'esprit, un homme qui a marqué son époque au sens propre comme au figuré. Son nom apparaît sur de nombreux carreaux et assiettes. Il a même fait ajouter son nom à des œuvres existantes et a également fait repeindre les armoiries d'un autre abbé. L’abbé le plus intrigant ? Petrus Van Onderbergen. Le plus jeune abbé de tous les temps, il était si jeune que la communauté a dû demander la permission de l'élire. Petrus est parti en mission diplomatique en Espagne. Il est tombé malade et est mort peu de temps après son retour. Et l’histoire la plus savoureuse pour moi concerne Lambertus van Uppenbroeck. Après la fin de la peste, il a donné à chacun une pinte de vin duynewijn. Pour faire oublier les moments difficiles. Son successeur, Walter Stryck , trouvait que c'était une si bonne idée qu'il en a même donné deux. (rires)"